Visite d’une ferme d’orchidées dans la région de Ratchaburi, Thaïlande

Ferme d'orchidees, Ratchaburi

Dès lors que vous vous éloignez de Bangkok, la ville laisse peu à peu place à une campagne paisible et typique. À environ 2 heures de route de la tumultueuse capitale, nous nous dirigeons vers l’ouest du pays, à la découverte de la région de Ratchaburi, pour y rencontrer une impératrice du monde végétal : l’Orchidée.

Indéniablement associée à la Thaïlande, la fleur d’orchidée participe depuis toujours à la vie du peuple thaïlandais. Elle orne les offrandes religieuses et embellie les préparations culinaires. Elle participe à l’art de se mettre en beauté et aux rituels de bien être, mais aussi à la décoration des lieux publics et privés. Majestueuse, symbolique et subtilement parfumée, l’orchidée est devenue, par sa présence, un véritable symbole et une fierté nationale.

On estime aujourd’hui à environ 1100 espèces présentes en Thaïlande. Depuis le niveau de la mer jusqu’à 1000 mètres d’altitude, les orchidées se plaisent à l’ombre des forêts humides quand d’autres préfèrent le plateau aride du Nord-Est du pays; elles poussent dans le sol, s’accrochent aux arbres ou se nichent dans les fissures des rochers… Extraordinairement abondantes dans les régions tropicales, elles resteront largement inexploitées jusqu’à ce que les horticulteurs locaux décident de s’attaquer à leur exportation. Rapidement, il apparut que le climat thaïlandais, plus sec, est plus propice à leur culture. Alors les plantations se multiplièrent de façon exponentielle et la Thaïlande se place, depuis vingt ans, au premier rang des pays exportateurs.

De nombreuses fermes d’orchidées sont présentes sur l’ensemble de la Thaïlande. Avec pas moins de 2300 hectares de surface cultivée dans la seule région de Bangkok; les provinces environnantes de Ratchaburi et de sa consoeur Kanchanaburi, sont devenues de véritables fiefs renommés pour offrir les plus belles fleurs du pays.

Depuis des kilomètres, l’horizon s’est aplani et le paysage environnant n’est plus qu’un défilé de serres. Installées au milieu des années 1980, les fermes d’orchidées sont ici des affaires de famille reprises de père en fils. Située à seulement quelques kilomètres de Ratchaburi, la nurserie Suan Jairak Orchid, a aimablement accepté de nous ouvrir ses portes le temps d’une visite privée. À notre arrivée, nous rencontrons Sittisak, un homme naturellement jovial grâce à ses larges pomettes basanées plissant finement des yeux rieurs. Avec son frère cadet, ils sont les heureux propriétaires des 15 hectares d’exploitation nous entourant. Son neveu, la prochaine génération, est un petit bonhomme de 5 ans les yeux brillants de charme et de malice. Perché sur son vélo, il nous accompagnera dans la visite du domaine, qui est visiblement devenu son meilleur terrain de jeu !

Sous un ciel inexorablement bleu, nous nous infiltrons dans la serre nous faisant face. Il s’agit de la première étape de développement des fleurs : la nurserie. De jeunes pousses sont deposées sur des bâches ajourées, appuyées sur de solides supports en bois. Arborant plusieurs tailles, mais n’excédant jamais les 20 centimètres de largeur, elles offrent au regard un paysage étonnant, d’une platitude absolue, décliné de verts. Arrosées tous les jours et régulièrement traitées, les jeunes pousses d‘orchidées resteront ainsi plusieurs mois, le temps d’atteindre une taille ‘adulte’.

Nous nous engouffrons alors dans une seconde serre, encore plus vaste et impressionnante que la première. Les orchidées, de taille intermédiaire, sont ici suspendues dans les airs. Les pots dépourvus de terre, sont coiffés de longues feuilles vertes tandis qu’ils laissent s’échapper de leur fond de fines et blanches racines tentaculaires. Quel drôle de perspective que d’observer ces milliers de pots parfaitement alignés. Un vaste jardin suspendu qui encombre tout l’espace, se balançant légèrement aux rares courants d’air. Au sol, le décor n’est qu’un tapis imbibé d’eau, ressemblant à une vaste flaque verdâtre et argentée, exhalant une lourde humidité et une odeur de mousse.

Les orchidées resteront dans ces pots suspendus des années durant, jusqu’à 5 ans pour certaines espèces. Elles seront ensuite empotées, en terre cette fois-ci, pour être vendues. Nous nous baladerons dans une dizaine de serres similaires à celles-ci, contenant les nombreuses espèces exploitées par Sittisak et son frère. Je vous avoue avoir été submergée par une surabondance de fleurs : elles arborent toutes les formes, se parent de toutes les tailles et affichent mille couleurs. Je ne pourrais vous décrire en détail toutes les variétés croisées et admirées : Arundina, Phalaenopsis, Ascocenda, Cymbidium ou la célèbre Vanda. Parterre de Cattleya au jaune clinquant, étendues somptueuses de Dendrobium… Des espaces entièrement tapissés de verts sombres et tachètés de toutes les nuances. Je me plais à approcher mon nez de toutes ces fleurs: certaines sont inodores, d’autres dévoilent un subtil parfum mais globalement c’est surtout une odeur très verte qui marquera ma mémoire.

Le soleil est désormais au zénith; Sittisak nous propose de nous emmener dans l’exploitation voisine de son ami, partenaire et concurrent, spécialiste des variétés d’orchidées thaïlandaises. Coiffé d’un chapeau de cowboy, chaussé de bottes en plastique et le pantalon retroussé, celui-ci exhibe un accoutrement stéréotypé dont le sourire noirci et édenté élargira le nôtre.

Nous sommes à présent au centre d’une seule et immense serre divisée en plusieurs parties. Le sol plus sec exhale une chaude odeur terreuse. Au fil de notre balade, nous recevons une myriade d’informations : ici nous faisons face aux variétés thaïlandaises, plus loin ce sont les étrangères, ces voyageuses venant pour la plupart d’Amérique du Sud, puis par là il s’agit des hybrides. Lorsque les deux complices nous listent les noms des variétés développées ensemble et désormais exclusives à leurs exploitations, leurs yeux pétillent d’une fierté mal contenue.

Mon regard est interpellé par de minuscules fleurs grimpant sur un morceau de bois, Sittisak m’explique que les orchidées sont élevées dans leur milieu naturel, et ces petites Chiloschita se plaisent à grimper l’écorce des arbres. Il me donne aussi l’exemple des Lithophytes qui ont la particularité de se développer dans la fraîcheur des pierres, expliquant pourquoi ces jeunes filles remplissent leurs pots de cailloux.

La floraison des orchidées a communément lieu d’août à février, avec un pic au mois de décembre. Nous sommes en avril et les fleurs sont déjà abondantes, je n’ose imaginer le spectacle que de voir ces hectares de verdure colorés de mille tons.

Alors que nous nous apprêtons à remonter en voiture, une table en plastique est dépliée plus vite que de coutume, quelques chaises rapidement installées et nos verres remplis de glace et de pepsi co! Les deux compères nous invitent à s’asseoir et ont visiblement envie de bavarder. De leur attachante complicité, ils nous racontent l’époque de leurs pères plus clémente, les difficultés du commerce d’aujourd’hui, les prochaines expositions en préparation… Nous parlerons un peu de la France puis beaucoup de la Thaïilande. Au fil des rires et de notre discussion, nous converserons ainsi de longues heures durant, sous la chaleur assomante des serres, avec une subtile odeur végétale au bout du nez.

CARNET D’ADRESSES

Ferme d’Orchidées Suan Jairak Orchid

195 Moo 2, T.Bansing, A.Photharam, Ratchaburi, Thailand (66) 70120

Contact : Sittisak Somboonphon

Vous trouverez de nombreuses fermes d’orchidées dans les régions de Nonthaburi, Ratchaburi, Kanchanaburi, Ayutthaya, Chiang Mai, Pathumthani et Chonbur. Fuyez les petites nurseries des sites touristiques, généralement payantes et mal entretenues. Assurez-vous de visiter des nurseries de professionnels, elles sont nombreuses et ont pour la plupart leur propre site internet. Si vous souhaitez acheter des fleurs, leur qualité n’en sera que meilleure.

Se déplacer en Thaïlande :

La société Oriental Escape propose des voitures avec chauffeur au service sérieux et de qualité. Vous choisissez votre modèle de voiture et réglez directement sur leur site internet. À organiser avant son départ.

Pour en savoir plus:

Le Jardin National des Orchidées, Singapour

Comments
4 Responses to “Visite d’une ferme d’orchidées dans la région de Ratchaburi, Thaïlande”
  1. Joel dit :

    Bonjour,
    Je viens de découvrir votre blog et cet article passionnant sur votre visite.
    J’ai moi-même un blog sur les fleurs, m’autorisez vous à écrire un article sur cette visite et à utiliser vos photos.
    Il est bien évident que je vous citerai en « sources » et mettrai un lien vers vous.
    A très bientôt
    Joël

    • Christa dit :

      Cher Joël,
      Merci beaucoup pour votre commentaire et votre proposition,
      je serais très heureuse de partager cette visite avec les lecteurs de votre blog.
      J’accepte avec plaisir et vous envoie de ce pas plus d’informations par email.
      Bien à vous,
      Christa

  2. Chantal Ramaroson dit :

    Bonjour,

    Passionnée d’orchidées,je n’ai pas encore la chance de visiter la Thaïlande, avez-vous des adresses de sites intéressants pour acheter des orchidées provenant directement des producteurs?

    Merci

    Chantal

    Madagascar

    • Christa dit :

      Bonjour Chantal,
      Ratchaburi et Kanchanaburi, dans l’est de la Thaïlande sont les régions principales pour la culture d’orchidées.
      Vous trouverez de nombreuses serres dans leurs environs, avec l’opportunité de rencontrer directement les producteurs et acheter les fleurs sur le site.
      La ferme Suan Jairak Orchid (www.ballorchid.com) dont je parle ci-dessus est l’une d’entre elles, j’avais également contacté Thai Orchids (www.thaiorchids.com) et Nandk Orchid (www.nandkorchid.com) sans malheureusement avoir pu les rencontrer.
      Je vous souhaite bonne chance dans votre démarche.

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