À la recherche de l’osmanthus à Yangshuo, Partie I
Durant des siècles les poètes, les peintres et tous les esthètes ont considéré Guilin et ses environs, dans la province du Guangxi, comme un modèle de perfection. L’harmonie de son paysage, composé de milliers de petites montagnes, a émerveillé de tout temps les visiteurs du monde entier.
Signifiant littéralement ‘forêt d’osmanthus’, la ville de Guilin tire son nom d’un petit arbre aux fleurs odorantes qui pousse abondamment entre la rivière et les collines. Cette petite fleur, bien connue des parfumeurs, dégage une odeur exquise aux effluves de pêche-abricot et de freesia. L’osmanthus est l’une des dix fleurs les plus populaires en Chine. La fleur est le symbole traditionnel de l’amour et du romantisme quand l’arbre est lui même symbole de paix et de fertilité. Il existe deux variétés principales d’osmanthus, l’une à fleurs blanches couleur argent (ying-kwei), et une autre plus odorante aux fleurs jaune d’or (tchin-kwei) qui possède une odeur douce, fruitée et florale.
Cette petite fleur rare a la particularité de fleurir à l’automne. A la mi-septembre je m’envole donc au sud de la Chine pour y découvrir le berceau de la fleur d’Osmanthus.
Je pars en direction de Yangshuo, à une centaine de kilomètres au sud de Guilin. Arrivée de nuit, c’est au petit matin que je découvre un paysage extraordinaire; des centaines de pics verdoyants, en forme de pain de sucre, surplombent la vallée à perte de vue. Ce sont ces pics karstiques, dûs à l’érosion, qui ont rendu la région si célèbre et aujourd’hui ils semblent protéger de leur hauteur les habitations et les cultures locales.
La ville de Yangshuo, m’avait été décrite comme un petit village, elle ne compte pourtant pas moins de 310,000 habitants, nous sommes en Chine les notions démographiques sont ici démesurées, néanmoins un certain charme bucolique règne.
Je rejoins en centre ville, Xiao Lin, native de cette région dont elle connaît tous les recoins, elle se propose d’être mon guide durant ces quelques jours de visite. Je lui fais part de mon intérêt pour l’osmanthus et elle m’emmène directement au cœur du parc de la ville (Yangshuo Park). Effectivement les osmanthus règnent ici en maitre, je suis véritablement surprise, je ne m’attendais pas à en trouver autant. Les arbres plus hauts qu’à l’accoutumée ombragent le parc sur tout son périmètre. Il n’est pas rare de trouver des osmanthus dans les parcs et les anciens jardins impériaux chinois, bon nombre d’empereurs ont été séduits par cet arbrisseau à l’odeur subtile, les jardins du Palais Impérial de la Cité Interdite à Pékin en regorgent.
Pourtant je suis surprise de n’apercevoir aucune fleur… A y regarder de plus près, les bourgeons pointent tout juste le bout de leur nez. Xiao Lin m’explique que la saison sèche a été particulièrement rigoureuse cette année, les jours de pluie se font attendre patiemment ce qui a retardé la floraison de plusieurs semaines. Effectivement nous sommes en septembre bien avancé et les premières fleurs sont supposées apparaître dès la fin du mois d’août. Je suis tellement désappointée que mon visage doit clairement trahir ma déception. Néanmoins je garde espoir de croiser la route de ces fleurs plus tard…
Nous partons dès lors à la découverte de la seconde merveille de la région, la rivière Li (lijiang). Nous descendons la rivière entre Yangdi et Xingping. Nous abordons notre croisière, embarquées sur un radeau de bambou. Les gigantesques pics calcaires s’élèvent tout autour de la rivière scintillante, des troupeaux de buffles d’eau ruminent paresseusement le long des berges. On aperçoit des villages tranquilles nichés dans les vallées, tandis que les pêcheurs vont et viennent le long des rives. Mes yeux émerveillés saisissent tout ce qu’ils peuvent de ce décor irréel.
Ces impressionnantes formations rocheuses ont été baptisées de noms insolites par les poètes locaux: la colline de la tête de dragon (longtou shan), la colline des cinq doigts (wuzhi shan) ou encore la montagne des neuf chevaux (jiuma huashan)… Cette parcelle du fleuve est reconnue comme l’une des plus belles par conséquent elle aussi très touristique. J’ai effectué plusieurs croisières au cours de mon séjour, dont une seconde plus au sud de la rivière Li au départ de la ville de Fuli. Egalement très agréable, quoique moins impressionnante car les montagnes sont ici d’une hauteur moindre, la sensation d’être seule sur la rivière est des plus plaisante. Cela peut sembler redondant mais je vous assure qu’on ne se lasse pas d’observer ces paysages époustouflants.
Nous avons quitté notre embarcation lorsque le jour migrait vers le crépuscule. Le soleil s’est peu à peu couché sur la rivière, se cachant derrière les montagnes, il a doucement coloré l’eau et le ciel de teintes sombres pour laisser place au noir de la nuit. Demain, je me rendrai en campagne, aux abords de la ville, flâner au milieu des rizières et des champs de récolte.