À la recherche de l’osmanthus à Yangshuo, Partie II
Le lendemain nous partons à l’ouest de Yangshuo, au cœur des champs et des rizières. Sur la route je m’arrête chez un marchand de thé. Petite boutique à l’allure typique, des pots de toutes les formes et de toutes les tailles ornent les étagères en bois. Je parcours du regard les grandes étiquettes gribouillées de caractères chinois, j’essaie sans grand succès de déchiffrer le précieux contenu de ces boites empilées par centaines. Et là, dans de grandes jarres transparentes posées à même le sol, perdues entre du thé au jasmin et du thé oolong, j’aperçois des fleurs d’osmanthus. A peine ai-je soulevé le gros bouchon de liège que je suis saisie par une odeur enveloppante. Les fleurs, même séchées, n’ont rien perdu de leur odeur fruitée abricot. L’odeur est d’ailleurs plutôt tenace et vous renvoie aisément aux matins de votre enfance où vous vous délectiez de grandes tartines nappées de confiture d’abricot (effet proustien oblige !).
Néanmoins c’est au contact de l’eau bouillante que l’odeur va s’adoucir pour laisser place à un arôme doux et subtil. Le thé à l’osmanthus est excellent, le goût s’apparente clairement à son odeur, à la fois floral et fruité pêche. Le plus souvent infusées seules, les petites fleurs séchées peuvent être également ajoutées aux thés verts et thés noirs afin de révéler leurs arômes fruités. Les feuilles de l’osmanthus sont même parfois mixées et partiellement fermentées directement avec les feuilles de thé produisant ainsi un breuvage délicatement aromatique. Très appréciée des chinois, la fleur d’osmanthus a de multiples utilisations, ajoutée aux recettes de cuisine, elle sert également à produire de l’alcool et des médicaments.
Nous poursuivons notre parcours en direction de la campagne avoisinante, après seulement quelques kilomètres, l’horizon n’est plus qu’un tapis verdoyant de plantations qui se déroulent à perte de vue, seuls les pics karstiques en surplombent les entours. La route se fait chemin, les klaxons incessants ont laissé place à une atmosphère calme et paisible. Au fil de la rivière Yulong, nous traversons et ondulons aux travers de petits villages. Un savant mélange de fumier et de feu de bois me caresse le nez à l’abord de chaque hameau. Ici nous traversons un village, plus démuni que ceux traversés jusqu’alors. Les enfants sont habillés de vêtements déchirés, la morve sèche granule leur peau noircie par la poussière: un sourire illumine pourtant leur regard curieux, quémandeur pour certains.
Des habitants vendent, ici et là, des fruits et des légumes. Déposés à même le sol sur de grandes bâches ou dans de larges paniers, ils attendent avec patience, assis sur leur tabouret, le passage d’éventuels acheteurs. Plus loin le long du chemin, sur un comptoir de pacotille constitué de deux vieilles caisses et d’une planche de bois craquelée, une vieille dame vend quelques sachets de fleurs séchées, trois pots de confiture et deux bouteilles de vin. C’est tout ce qui lui reste de sa récolte d’osmanthus de l’année dernière. Les habitants attendent impatiemment la floraison, dès l’arrivée des premières fleurs ils se hâtent à la cueillette. Ces fleurs qui leur offrent, au travers de leurs diverses utilisations, une source de revenu importante. Chaque paysan a au minimum une parcelle de terre contenant quelques arbres d’osmanthus; sa rareté en fait un ingrédient très cher. En parfumerie, il ne faut pas moins de 10 kilos de fleurs pour élaborer 90 ml de parfum.
Ma balade au cœur des rizières se terminera alors que le soleil rosit les sommets qui l’enserrent. Ce sera finalement la dernière fois que mon chemin croisera les fleurs d’osmanthus, la chance ne m’a malheureusement pas souri et la nature reste imprévisible. Voyager en fonction des saisons n’est déjà pas une chose facile, voyager selon les floraisons est encore moins aisé.
J’ai appris que la floraison des osmanthus avait commencé seulement dix jours après mon départ… Le nombre d’osmanthus présent en ville, sur le bord des routes, dans les parcs, le long des chemins de campagne laisse présager un véritable paradis olfactif. Imaginer tous ces arbres en fleurs me laissent songeuse, pour sûr je ne peux rater ça je me dois de revenir l’année prochaine!
CARNET D’ADRESSES
Où dormir à Yangshuo:
Moon Hill Village #26, Li Cun, Ting Yue Lou, Gaotian Zhen, Yangshuo, 541907, China
Tel: +86 1597 7364111
Ce petit hôtel se situe au village de Moon Hill, célèbre pour sa montagne en croissant de Lune. Nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de Yangshuo, et pourtant on se croirait au bout du monde. Cette maison traditionnelle chinoise est d’un charme fou, une décoration typique pour une ambiance authentique. Vous apprécierez un diner sur le toit bercé par le coucher du soleil et le lendemain matin c’est dans le jardin que vous sera servi votre petit déjeuner à l’ombre des arbres fruitiers et des Osmanthus. A partir de 35 euros la nuit.
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Organiser votre voyage:
Visiter le blog de Serge et Xiao Lin: ‘Carnets de Yangshuo’. La promesse d’un voyage sur mesure hors des sentiers battus pour découvrir une région splendide au plus près de ses habitants.
Très chouette article… je me plonge enfin dans ton blog, et le fais avec un grand plaisir !
Petite question: comme se nomme ce thé à l’osmanthus en chinois?
Merci !
Merci beaucoup pour ton commentaire,
Peut-être avais-tu eu l’occasion de visiter la région de Guilin alors que tu étais en Chine?
Si je ne me trompe pas thé à l’osmanthus se dit guì huā chá (桂花茶)
Merci pour l’info !
Oui bien sûr, j’y suis passée, et avais bien aimé l’arrière-pays (Guilin étant trop urbanisée et touristique pour moi!)
Je partage aussi ton avis, Guilin est une ville très (trop?) touristique; alors que je suis tombée sous le charme de Yangshuo. C’est le paysage bucolique que j’imaginais de la Chine, je regrette même de n’avoir pu y passer plus de temps…